La leishmaniose
La leishmaniose est une maladie parasitaire qui touche animaux et humains (zoonose), et qui continue son expansion. Autrefois cantonnée au pourtour méditerranéen, elle s’est étendue plus au Nord (jusqu’à Lyon, Drôme, Ardèche, Lozère), et plus à l’Ouest vers l’Atlantique (Pyrénées, Cévennes). Il existe même des foyers à distance (vallée de la Loire, région parisienne) dus aux déplacements d’animaux pendant les vacances.
Le coupable
Un parasite, protozoaire flagellé du genre Leishmania (en France, Leishmania infantum). Ce parasite se multiplie dans certaines cellules de son hôte (phagocytes mononucléés), notamment de la peau, du foie, de la rate et de la moelle osseuse.
Le complice
Un petit insecte piqueur, le phlébotome (2 à 4 mm), dont la femelle hématophage transmet le parasite lors de son repas sanguin. Les phlébotomes sont actifs de la tombée de la nuit à l’aube (surtout au crépuscule), durant une période qui va de mars-avril à octobre (pic d’activité en août-septembre). Ils craignent les nuits froides, l’altitude, le vent, et pénètrent peu dans les habitations.
Les victimes
Mammifères exclusivement, surtout canidés et humains, parfois chats et rongeurs sauvages. Le chien est le principal réservoir du parasite.
Le délit
Les leishmanies situées dans le derme de l’hôte piqué se retrouvent dans le tube digestif du phlébotome, s’y multiplient, puis gagnent les glandes salivaires après quinze jours. Au cours d’un nouveau repas sanguin, elles sont inoculées sous la peau d’un nouvel hôte, colonisent les macrophages (cellules de défense) cutanés, puis les autres organes. Toutefois, l’incubation est lente, de 3 mois à 1 an, voire plusieurs années après la piqûre infestante. Dans les zones d’endémie, 30 à 80 % des chiens sont porteurs de leishmanies, mais n’expriment aucun symptôme (« porteurs sains »), ou les développeront éventuellement lors d’une défaillance immunitaire.
La maladie
Ce sont en général des chiens adultes qui sont concernés (il existe une prédisposition génétique du Boxer).
Il n’y a pas de signes spécifiques, mais plutôt une grande variabilité clinique. Parmi les signes observés :
• des troubles généraux : fièvre, fatigue, perte de poids, fonte musculaire
• des troubles cutanés : perte de poils diffuse, apparition de très nombreuses pellicules (squames), pousse excessive des griffes, nodules
• une atteinte viscérale : hypertrophie des ganglions, de la rate, atteinte rénale
• autres : atteinte oculaire (kératite, uvéite, conjonctivite), troubles nerveux, saignements de
nez…
Sans traitement, l’évolution est fatale en quelques mois.
Le traitement
Des médicaments (comprimés ou injections) permettent de maintenir un certain confort pour l’animal, mais la guérison est très rare, et les récidives nombreuses.
Le but du traitement est de conserver l’animal en bon état général (traitement d’entretien + adjuvant), et d’empêcher la contamination d’autres insectes (donc d’autres chiens ou de l’homme).
Un nouveau médicament existe en Espagne et en Italie, mais il n’a pas d’AMM vétérinaire en France.
La prévention
► Tout d’abord des mesures de « bon sens » :
• garder les chiens à l’intérieur du coucher au lever du soleil entre avril et octobre,
• placer des moustiquaires aux portes et fenêtres, et autour des zones de couchage des chiens (mailles fines, imbibées de pyréthrinoïdes),
• éventuellement, placer un ventilateur à proximité du panier du chien,
• pulvériser des insecticides dans les maisons.
► Des répulsifs anti-moustiques, disposant d’une AMM spécifique pour la prévention de la piqûre des phlébotomes, soit en spot-on à renouveler toutes les 3 à 4 semaines selon les indications du fabricant, soit en collier (durée d’action de 5 mois, mais efficacité complète après deux semaines de port), soit en spray (durée d’action 3 à 4 semaines). Des études de par le monde ont montré que la généralisation de la protection des chiens d’une zone donnée par ces moyens répulsifs entraînait une diminution de la leishmaniose humaine dans ces mêmes zones.
► Le vaccin : récent (2011), 3 injections à 3 semaines d’intervalle la première année, puis rappel annuel. Seuls les chiens testés négatifs peuvent être vaccinés, à partir de 6 mois. Le vaccin diminue fortement le risque d’attraper la leishmaniose, mais ne le supprime pas totalement. Il doit donc s’intégrer à une stratégie de lutte raisonnée dont le propriétaire discutera avec le vétérinaire, en fonction du risque d’exposition.
La leishmaniose étant une zoonose dont le chien est le principal réservoir, la protection des personnes passe par une lutte ciblée contre les phlébotomes, et par la prévention de l’infestation des animaux domestiques.
Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire
09/04/2018
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