La coccidiose des agneaux
Les coccidioses sont très fréquentes en élevage ovin, et sont dues au développement, dans les cellules de l’épithélium intestinal, de plusieurs espèces de coccidies.
Ce sont des maladies des jeunes (agneaux de plus de 10 jours), les adultes étant résistants, mais souvent porteurs chroniques et source de contamination des agneaux. La gravité des coccidioses dépend des conditions de milieu, et le stress quel qu’il soit représente souvent un facteur déclenchant.
Les coccidies ovines
Douze espèces sont recensées chez les ovins, différentes de celles des bovins ou des caprins. Les plus pathogènes sont Eimeria ovinoïdalis, E. crandalis et E. ovis.
La contamination se fait dans les premières heures de la vie, par ingestion d’ookystes sporulés. La phase pathogène se situe pendant la 2e partie du cycle parasitaire (gamogonie), entre 11 et 21 jours après la contamination, même si des premières lésions peuvent être constatées au stade schizogonie, dans l’intestin grêle.
Quels symptômes ?
La maladie se caractérise par une diarrhée nauséabonde verdâtre ou noirâtre, souvent hémorragique, et parfois accompagnée de coliques/ténesmes (les animaux ont la queue relevée) sur des agneaux d’environ 10 à 30 jours. Mais il est possible que sur un troupeau, seuls quelques agneaux soient atteints. Les symptômes sont parfois assez frustes : mauvais état de la laine, amaigrissement, retard de croissance.
Certains animaux peuvent présenter des troubles nerveux (excitation, pédalage) qui sont les prémices d’une complication d’entérotoxémie, mortelle en quelques heures.
Comment poser le diagnostic ?
Le diagnostic se base d’abord sur une suspicion clinique : agneaux âgés de plus de 10 jours, en mauvais état général, avec ou sans diarrhée. Dans un même lot, plusieurs animaux sont en général touchés (aspect contagieux).
Pour confirmer la suspicion, une coproscopie est nécessaire (examen d’un petit échantillon de selles entre lame et lamelle au microscope, à la recherche des ookystes des coccidies. La méthode Ovassay® (enrichissement par flottaison) est peu coûteuse, facile à mettre en œuvre, et très utilisée en médecine vétérinaire, permettant de concentrer les parasites à partir d’une petite quantité de selles. Elle pourra être complétée par une diagnose d’espèce en laboratoire, afin de voir le degré de pathogénicité des espèces de coccidies.
Toutefois, si la coproscopie est positive sur des agneaux présentant un bon GMQ, il ne sera pas possible de conclure à une coccidiose maladie ; aucun traitement ne sera donc mis en œuvre.
Quel traitement ?
En présence d’un cas clinique, il est nécessaire de traiter tous les animaux du lot le plus tôt possible, pendant au moins 5 jours. Il existe plusieurs médicament couramment utilisés, agissant tous au niveau du gros intestin. On peut citer la sulfadiméthoxine ou sulfadimérazine, mais aussi le diclazuril (Vecoxan®) ou le toltrazuril (Baycox ovis®), ces deux dernières molécules agissant à la fois au niveau du gros intestin (curatif) et de l’intestin grêle (préventif). Des résistances à certains produits sont apparues, et en cas de non réponse au traitement, mieux vaut changer de molécule.
Quelle prévention ?
Une des premières préventions consiste à assurer des conditions d’élevage optimales : température et humidité contrôlées, bonne ventilation, densité animale dans les locaux pas trop élevée : il est conseillé d’offrir 1,5 m2 d’aire paillée pour une brebis allaitant un agneau, 2 m2 si elle en a deux.
Pour les élevages « à risques » ou les agneaux en atelier d’engraissement, un traitement préventif systématique de l’ensemble du lot au sevrage (ou dès l’apparition de premiers signes cliniques) peut être administré. Les mêmes molécules que pour le traitement curatif peuvent être employées, avec en plus le décoquinate (actif seulement au niveau de l’intestin grêle). Un traitement préventif précoce prévient les lésions intestinales, qui ont une répercussion sur la croissance des agneaux.
Prévention et bonne gestion de l’élevage sont les clés pour éviter l’apparition et le développement de coccidioses chez les agneaux, préjudiciables au bon rendement de l’exploitation (retards de croissance, mortalité).
Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire
15/01/2018
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