La gale psoroptique ovine ou gale du corps

La gale psoroptique ovine, encore appelée gale du corps, est une maladie parasitaire très contagieuse, s’étendant rapidement dans un troupeau contaminé, et entraînant une perte rapide et importante de productivité. Une recrudescence de foyers de gale a été constatée l’hiver dernier en Limousin. Il convient donc de ne pas relâcher la vigilance pour éviter l’introduction de la gale dans le troupeau.

L’agent responsable : Psoroptes ovis

L’acarien responsable de la gale psoroptique, Psoroptes ovis, mesure environ ½ mm et se nourrit de débris cutanés et de lymphe. Son cycle de vie est rapide, 10 à 12 jours, et se déroule entièrement à la surface de l’hôte, en l’occurrence le mouton. La femelle ovigère dépose ses œufs ovales, blanc nacré (une centaine par jour) en marge des croûtes de grattage. L’éclosion a lieu en 1 à 3 jours, et après 3 mues, les larves puis les nymphes parviennent au stade adulte, et le cycle recommence. Il existe une phase de latence de 20 à 30 jours après la première ponte, mais ensuite, la croissance de la population parasitaire explose (multiplication par 2 tous les 6 jours !!).

Comment se manifeste la maladie dans le troupeau ?

Si l’on considère l’épidémiologie générale de la maladie, le pic d’activité de celle-ci a lieu en général en automne et en hiver (septembre à avril), alors qu’il existe une latence parasitaire au printemps, et un repos en été. À l’automne, la diminution de la luminosité et l’augmentation du taux d’humidité, associées à la rentrée des troupeaux en bergerie, favorisent l’activité des parasites et l’exacerbation des symptômes.

Sur les adultes, les premiers signes de gale psoroptique sont discrets: prurit, avec apparition de papules jaunâtres (bouton de gale) sur les parties lainées. La contagion s’effectue alors rapidement dans le troupeau. Au début, seuls quelques animaux présentent des mèches de laine tirées. Puis rapidement, le derme s’épaissit, des croûtes se forment, la laine s’arrache par plaques sur les flancs. Il y a souvent des surinfections bactériennes, avec atteinte de l’état général, perte d’appétit, amaigrissement, avortements chez les brebis gestantes, hypothermie et intoxination pouvant conduire à la mort.

Sur les agneaux d’un troupeau atteint apparaissent des taches blanches et humides à différents endroits du corps (« agneaux léopards »). Par la suite, leur croissance ralentit, et ils peuvent parfois mourir de la gale.

La transmission

Elle s’effectue directement, d’animal à animal, lors d’introduction de nouveaux ovins dans le troupeau, mais aussi au cours de rassemblements (foires, concours…), de mélanges de troupeaux (clôtures déficientes). Mais la transmission peut aussi se faire indirectement par l’intermédiaire des clôtures, du matériel de tonte, des lieux de grattage (arbres, piquets…), ou encore des chiens, des oiseaux. De plus, le parasite peut résister jusqu’à deux semaines, voire trois (femelles ovigères en période hivernale) dans le milieu extérieur. Certaines zones anatomiques pourraient assurer une survie encore plus longue des acariens : périnée, scrotum, plis inguinaux, espace interdigité, conduit auditif, fosses infraorbitaires…

Le diagnostic

Pour poser un diagnostic de certitude, il est nécessaire de faire appel au vétérinaire. Ce diagnostic sera d’abord épidémiologique et clinique : période de l’année, contagiosité, aspect de la toison, prurit (« rire du mouton » = réflexe buccal caractéristique lorsque l’on gratte les lésions), recherche de boutons de gale après tonte d’une petite surface… Un prélèvement de quelques mèches de laine, que l’on peut éventuellement chauffer, permet de mettre en évidence les parasites en mouvement. Une prise de sang avec sérologie ELISA permet de confirmer la forte suspicion.

Quelle prise en charge ?

Une lutte efficace contre la gale psoroptique associe interventions sur l’animal et sur son environnement (bâtiments, matériel, zones grattoirs…)

Sur les animaux : la lutte fait appel à des antiparasitaires soumis à prescription, qui seront administrés sur les indications du vétérinaire. En fonction de la taille du troupeau, les traitements peuvent être différents.

– Pour les grands troupeaux, le bain antiparasitaire est la méthode la plus adaptée ; il consiste en l’immersion totale des animaux, au moins durant une minute, avec tête plongée 2 fois, dans une émulsion contenant l’antiparasitaire. Cette technique permet la saturation de la toison si la longueur de la laine et la teneur en suint sont suffisantes (environ 7 à 8 semaines après la tonte), mais le protocole doit être strictement respecté, et recommencé 10-15 jours après la première application. Il est indispensable de bien préparer le chantier, de contenir les animaux en limitant leur stress, et de contrôler régulièrement la concentration du bain en antiparasitaire. Le bain n’est pas adapté à tous les animaux : éviter chez les agneaux de moins de 3 mois, durant les 45 premiers jours ou le dernier mois de gestation, ainsi que le premier mois de lactation.

– Pour les petits troupeaux, la douche peut être employée ; elle consiste en une pulvérisation contrôlée à basse pression, en cabine fermée, avec aspersions supérieures et inférieures des animaux. Afin de stocker suffisamment de substance active dans sa toison, il est impératif que chaque animal soit immobilisé pendant au moins 3 minutes, avec 1 min d’aspersion dorsale, 1 min d’aspersion ventrale, puis de nouveau 1 min d’aspersion dorsale. Il est important de contrôler régulièrement la concentration en antiparasitaire, et d’entretenir le système d’aspersion. Il faut aussi séparer les jeunes des adultes pour une meilleure efficacité.

Bien utilisées et gérées, les deux techniques précédentes permettent une lutte efficace contre les ectoparasites.

– Quand ni bain ni douche ne sont envisageables, il reste l’injection (sous-cutanée ou intramusculaire) d’un antiparasitaire, qui diffuse alors dans tout l’organisme, détruisant les ectoparasites hématophages ou se nourrissant de sérosités. Il agit aussi sur les endoparasites, et est applicable en toutes saisons et sur tous types d’animaux. Toutefois, son coût est plus élevé, et le temps d’attente viande est important.

Sur les supports (bâtiments, matériel d’élevage, zones « grattoirs »)

Pour bien maîtriser le parasitisme, il convient de désinfecter et désinsectiser les locaux et matériels : curage et raclage des sols pour retirer les souillures d’origine organique et faciliter l’action des produits utilisés. On insistera sur les murs jusqu’à 1,5 à 2 m de hauteur, sur les mangeoires, râteliers, abreuvoirs, nourrisseurs, ainsi que sur les clôtures ou les zones « grattoirs » en extérieur.

La prévention

La clé pour limiter la diffusion de la gale psoroptique est la prévention, basée sur la vigilance lors d’introduction de nouveaux individus dans le troupeau. Tout nouvel arrivé, même apparemment sain, sera isolé pendant au moins 30 jours et traité par deux injections à 1 à 2 semaines d’intervalle, selon la prescription du vétérinaire. En ce qui concerne les protocoles, n’hésitez pas à demander conseil à votre praticien.

Conclusion : La gale psoroptique est une maladie qui peut lourdement impacter l’économie d’un élevage, allant jusqu’à réduire de 15 à 30 % la marge brute par brebis. D’où l’intérêt d’en connaître les principaux aspects cliniques, épidémiologiques, afin de traiter et surtout prévenir au mieux. Votre vétérinaire est votre interlocuteur privilégié pour toute question relative à cette pathologie.

Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire

11/09/2017

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