Le serpent des blés (Partie 2)

Après vous êtes informé(e) sur la terrariophilie – et plus précisément sur le serpent des blés – en lisant notre fiche précédente, vous avez décidé de vous lancer ? Avant cela, quelques détails sont encore à préciser, notamment sur l’accueil de l’animal dans son nouveau lieu de vie, sur sa manipulation, sur ses mues, et sa reproduction…

Comment bien accueillir un serpent des blés ?

Avant de ramener votre nouvel animal à la maison, il est recommandé de vérifier que tout fonctionne correctement dans le vivarium. Dans les quelques jours précédant l’arrivée du serpent, vous vous assurerez que les températures pour le jour (26° à 30°C) et la nuit (22°C) sont adaptées aux besoins de votre animal, qu’il est bien prévu deux cachettes, une dans le coin chaud, une au frais, afin de lui permettre de s’isoler au calme.

Vous éviterez de manipuler votre serpent des blés durant les 5 à 7 jours qui suivront son arrivée pour lui laisser le temps de s’habituer à son nouvel environnement. Ce n’est qu’après cette petite semaine que vous pourrez aussi commencer à le nourrir.

Quand et comment manipuler un serpent des blés ?

Même si le serpent des blés supporte plutôt bien les manipulations, celles-ci provoquent néanmoins un stress important, et quelques règles sont à respecter afin d’assurer un bien-être maximal à votre animal :

• Les manipulations seront de courte durée (5 minutes maximum)

• Pas plus de deux manipulations par semaine

• Pas de manipulation en période d’exuviation (= mue), pendant la gestation ou pendant la digestion (c’est-à-dire dans les 2 à 3 jours qui suivent le repas).

Pour saisir l’animal dans le terrarium, il faut éviter de montrer de l’appréhension ou de la peur, car l’animal le sent et cela risque d’influencer son comportement. Dans un premier temps, si vous n’osez pas prendre directement votre animal, vous pouvez employer un crochet pour le saisir par le milieu du corps ; crochet qui peut aussi s’avérer utile s’il faut extirper votre Pantheropsis guttatus du terrarium alors qu’il est enroulé dans les plantes ou enfoui dans le substrat.

Une fois dans les mains, le serpent est en général plus calme ; il est important de ne pas le serrer, car il pourrait se sentir agressé. En revanche, l’idéal est de le laisser se déplacer librement sur vous, en le réorientant doucement si vous ne souhaitez pas qu’il explore certains endroits.

À ne pas faire :

• Laisser le serpent vagabonder sans surveillance hors du terrarium : il peut s’engouffrer dans un trou improbable où vous risquez d’avoir des problèmes pour le récupérer !!

• Promener le serpent à l’extérieur de la maison : l’animal risque de se sentir stressé par l’espace sans possibilité de cachette, ou de ressentir un choc thermique préjudiciable à sa santé. Éventuellement, une petite promenade sous surveillance est possible dans un petit jardin bien clôturé, par temps beau et chaud…

La mue

Les juvéniles muent au départ environ tous les mois, puis les mues s’espacent progressivement avec l’âge ; leur fréquence peut dépendre des conditions d’entretien, de l’état de santé, et de plein d’autres facteurs. Il vaut mieux donc s’intéresser à la qualité de la mue, plus qu’à sa fréquence.

Quels sont les signes de mue ?

Ils ne sont pas toujours très visibles : certains individus refusent de s’alimenter, mais pas toujours. Les serpents passent aussi plus de temps dans leur cachette, car ils se sentent plus vulnérables. Enfin, ils peuvent avoir un aspect blanchâtre et des yeux laiteux. En fin de période de mue, le serpent va se frotter contre des éléments rugueux de son habitat pour se débarrasser de son exuvie.

Il faudra la vérifier, afin de voir si elle est bien entière, et notamment si les écailles pré-cornéennes (situées sur l’œil) sont présentes. Si elles ne s’enlèvent pas correctement, cela peut gêner à terme la vision du serpent, s’infecter, voire provoquer une perte de l’œil.

Comment agir en cas de mauvaise mue ? Comment prévenir ?

Une mauvaise mue se traduit par l’existence de restes de mue sur certaines parties du corps, par une exuvie incomplète, ou par la persistance des écailles précornéennes.

Pour retirer ce qui reste attaché au corps de votre animal, il est possible de le baigner dans un bain tiède durant environ 30 min, en surveillant pour éviter tout risque de noyade. Si tout n’est pas parti, vous pouvez essuyer votre serpent en essayant de retirer délicatement les reliquats d’exuvie.

Pour des écailles précornéennes persistantes, humidifiez un coton-tige avec de l’eau tiède, et appliquez-le délicatement sur l’œil de l’animal pour les retirer. En cas de difficulté, n’hésitez pas à consulter votre vétérinaire, qui vous montrera comment procéder.

Pour que les mues ultérieures se passent au mieux, il est possible de mettre une gamelle d’eau plus grande, ou d’augmenter l’hygrométrie du terrarium en pulvérisant régulièrement (tous les 2 à 3 jours) le décor avec de l’eau tiède. Retenez toutefois que trop d’humidité peut être néfaste sur la mue ! Et ne pulvérisez pas directement le serpent avec de l’eau froide, il pourrait faire un choc thermique !

La reproduction

La reproduction du serpent des blés n’est pas particulièrement compliquée, mais il y a des choses à connaître afin de bien anticiper et de ne pas commettre d’erreurs si vous souhaitez commencer un élevage…

La maturité sexuelle

Les mâles l’atteignent vers 2 ans, les femelles vers l’âge de 3 ans. Pour éviter un accouplement trop précoce, il est conseillé de séparer les mâles des femelles ; le risque majeur étant, pour une femelle trop jeune, une rétention d’œufs potentiellement grave, voire mortelle.

Afin qu’elle ait les réserves d’énergie suffisantes pour mener à terme sa gestation et sa ponte, il est nécessaire que la femelle pèse au moins 350 g. Quant aux mâles, ils auront tendance à moins manger en période de reproduction ; cela n’est pas inquiétant outre mesure, il suffit de surveiller leur poids et de s’assurer qu’ils ne maigrissent pas trop.

Le repos hivernal

Il n’est pas nécessaire pour le serpent des blés, mais néanmoins conseillé pour améliorer les résultats des accouplements. En fin d’hivernation, les serpents muent, et s’accouplement généralement après.

Comment procéder pour l’hivernation ? Il est recommandé de bien nourrir les serpents l’été, afin qu’ils aient un léger surplus de gras. Puis, on peut les laisser jeûner en novembre, et à partir de là, baisser graduellement la température tous les 3 jours pour parvenir à environ 14°C. Durant cette période « hivernale », les serpents des blés seront laissés dans le noir, et ne seront pas manipulés.

Vers la mi-février, on procèdera à une remontée graduelle de la température, puis on nourrira le mâle et la femelle, en évitant de leur donner au début des proies trop volumineuses (au risque de les voir régurgiter).

L’accouplement

Le mâle et la femelle pourront ensuite être mis en présence durant 2 à 3 semaines maximum, sous surveillance afin de vérifier que tout se passe bien. Puis le couple sera séparé, pour que le mâle n’épuise pas la femelle par des accouplements répétés.

La ponte

Si la femelle a été fécondée, la gestation dure entre 35 et 43 jours. Il est fréquent que son comportement change : elle est plus nerveuse, et souvent son appétit augmente ; il est possible de la nourrir plus souvent (tous les 5 jours environ) mais avec des proies plus petites pour laisser de la place pour le développement des œufs. On peut d’ailleurs les sentir à la manipulation (rondeurs palpables le long des deux derniers tiers du corps).

7 à 12 jours avant la ponte, la femelle Pantheropsis guttatus fait une mue de pré-ponte, ce qui est le signal pour installer une boîte de ponte dans son terrarium. Celle-ci doit être suffisamment spacieuse, fermée, afin qu’elle s’y sente à l’abri et en sécurité, et avec une ouverture sur un côté pour qu’elle puisse s’y glisser facilement. On y placera de la vermiculite ou de la mousse de sphaigne humide. En revanche, le point d’eau du terrarium devra être plus petit que d’habitude pour éviter que la femelle aille y pondre.

Pendant la durée de la ponte, il faut impérativement laisser la femelle tranquille, afin qu’elle ne risque pas de faire une rétention d’œufs liée au stress. La ponte dure en moyenne quelques heures ; au-delà de 24h, si tous les œufs ne sont pas sortis, on pourra suspecter une rétention.

Après la ponte, on proposera à la femelle un bac d’eau un peu plus grand pour qu’elle puisse s’y baigner et se réhydrater. Le lendemain de la ponte, on peut l’alimenter avec une première proie pas trop grosse, puis avec des proies de taille normale pour reconstituer ses réserves.

Incubation des œufs

Une fois que la femelle a pondu tous les œufs, il va falloir les récupérer délicatement, sans la brusquer, pour les faire incuber.

La boite d’incubation doit contenir un substrat humide (vermiculite, perlite, sphaigne) et être percée des deux côtés pour permettre une bonne circulation de l’air. Lors de la manipulation, les œufs ne doivent pas être retournés, au risque d’écraser le fœtus sous le sac vitellin, qui va assurer sa nourriture durant sa croissance. Si des œufs sont collés entre eux, mieux vaut les laisser tels quels pour éviter de percer la coquille.

L’incubateur sera réglé sur 28/29°C avec une hygrométrie de 75 à 90 %, constantes qu’il faudra surveiller régulièrement, tout en prévenant le développement de moisissures… L’incubation dure entre 55 et 61 jours, mais peut être prolongée si on baisse un peu la température la nuit (pas en dessous de 25°C) : les petits seront plus costauds et faciles à démarrer…

Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire

29/08/2019

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