L’alimentation du cheval âgé
Tout comme en médecine humaine, la médecine vétérinaire a progressé et permet maintenant aux chevaux de vivre de plus en plus vieux, et en meilleure santé. Toutefois, la plupart des chevaux commencent à montrer des signes de vieillissement autour de l’âge de 20 ans, et cela se manifeste tout particulièrement par un amaigrissement et une fonte musculaire. Une modification de leur alimentation, pensée en fonction des changements de métabolisme et des troubles liés à l’âge, est indispensable pour les conserver en bon état et éviter une dégradation rapide de leur santé.
Les problèmes liés à l’âge
La dentition
Avec l’âge, les chevaux perdent des dents, ou celles-ci se mettent à bouger, les tables dentaires sont arasées, les gencives deviennent douloureuses…. Ils parviennent donc moins bien à couper l’herbe, ont plus de mal à mastiquer et à ingérer ; parfois ils recrachent des boulettes d’herbe.
La digestion
Ces troubles dentaires entraînent également une baisse de la salivation, et par conséquent une moins bonne digestibilité des aliments et une moins bonne assimilation des nutriments.
Sans compter une digestion qui devient plus paresseuse…
Les troubles locomoteurs
Un vieux cheval qui souffre d’arthrose présente des difficultés pour se déplacer, et hésitera à traverser une prairie pour aller boire ou manger.
Les pathologies intercurrentes
Maladie de Cushing, moins bon fonctionnement du foie, moins bonnes défenses immunitaires etc. sont autant de facteurs risquant d’aggraver la dénutrition chez le cheval âgé.
Il importera donc de réaliser un suivi vétérinaire régulier, afin de prendre en charge les maladies, parallèlement à une adaptation de la ration à l’évolution de l’animal.
Quelles modifications alimentaires ?
Tant que le cheval se nourrit encore d’herbe, il faudra au maximum profiter des périodes où celle-ci est de bonne qualité nutritive (printemps / été) pour le laisser brouter et maintenir un état d’embonpoint correct. En revanche, lorsque même brouter devient problématique, il conviendra de nourrir le cheval avec des aliments certes plus coûteux, mais plus adaptés à ses capacités de mastication et à ses besoins métaboliques : il s’agit d’aliments contenant des protéines de bonne qualité, avec une forte teneur en lysine, et enrichis en matières grasses (3 à 5 %). On optera pour des granulés ou des céréales en grains – que l’on pourra faire tremper 1 ou 2 h dans l’eau avant de les distribuer, afin de les rendre plus faciles à mastiquer.
Un apport d’huile (1/2 à 1 verre d’huile contenant des oméga 3 et 6, ou d’huile de soja, colza, lin ou poisson) permettra de fournir de l’énergie à des animaux devenus insulino-résistants, et dont il faut diminuer la ration en glucides.
Il pourra être intéressant de complémenter en vitamines, oligoéléments afin de lutter contre la déminéralisation et favoriser le bon entretien des poils et sabots, et en probiotiques pour stabiliser l’équilibre de la flore intestinale et augmenter la digestibilité de la ration. Votre vétérinaire pourra vous conseiller sur les compléments alimentaires que vous pouvez apporter à votre animal en fonction des saisons et des besoins.
Il importera également de maintenir un taux de cellulose suffisant dans la ration (20 à 25 % de cellulose brute pour l’ensemble fourrage + aliments), pour éviter un ralentissement voire un arrêt du transit, ainsi qu’une modification de la flore intestinale (dysmicrobisme) ; pour ce faire, présenter du foin, éventuellement coupé en morceaux de 1 cm si le cheval a vraiment du mal à mâcher, de l’herbe de la prairie, divers fourrages de bonne qualité (riche en feuilles et en tiges fines) En revanche, on pourra diminuer progressivement l’apport de paille, beaucoup plus grossière et difficile à digérer dans le gros intestin. Il est à noter que pour son équilibre physique, mais aussi mental, le cheval a besoin de mastiquer un minimum, et il ne faut donc pas totalement supprimer le foin ou les fourrages.
Certains chevaux ont l’habitude de mouiller leur foin pour en faciliter l’ingestion, et on peut donc placer une bassine d’eau sur le sol près du lieu de distribution de fourrage, pour que l’animal puisse le faire sans difficulté (ce qui n’est pas possible avec un abreuvoir automatique).
Le cheval âgé mange lentement (parfois plus d’une heure pour une ration engloutie en 5 minutes par un jeune cheval !) : il faudra donc veiller à éviter la compétition avec les congénères pour les repas, mais aussi distribuer de plus petites quantités plus souvent.
Les adaptations du quotidien
Ces quelques conseils alimentaires ne doivent pas faire négliger un nécessaire suivi vétérinaire, d’autant plus indispensable que l’animal vieillit et est sujet à divers dérèglements.
On veillera donc à :
• Faire contrôler les dents 1 à 2 fois par an par un vétérinaire ou dentiste équin
• Surveiller le poids du cheval, ou à défaut, le périmètre thoracique (tour du thorax en cm au niveau du passage des sangles et en avant du garrot). Il est également possible de palper les côtes : elles peuvent être visibles, mais lorsque l’on passe la main dessus, le doigt ne doit pas « tomber » entre deux côtes.
• Installer confortablement le cheval pour les repas : par exemple, en cas de douleurs cervicales ou dorsales, une mangeoire pourra être installée en hauteur pour que l’animal n’ait pas à baisser la tête.
• Faire faire un minimum d’exercice au cheval, dans la mesure de ses capacités (petite promenade en longe au pas, sortie au paddock ou au pré), afin d’éviter qu’une immobilité prolongée n’entraîne un ralentissement du transit digestif, occasionnant des coliques.
• Couvrir le cheval ou le rentrer au box s’il fait froid, pour éviter qu’il ne dépense trop d’énergie à se réchauffer.
Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire
13/01/2020
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