Les tiques et les maladies qu’elles transmettent chez les bovins

Le retour du printemps signe aussi bien souvent le retour des parasites, souvent « en pause » lorsque les températures sont trop basses. Parmi les parasites externes des bovins, les tiques représentent une menace non négligeable, parce qu’elles peuvent transmettre lors de leur repas sanguin sur l’hôte, diverses maladies potentiellement graves, ou en tout cas économiquement préjudiciables pour une exploitation.

Les tiques ennemies des bovins

En France métropolitaine, cinq espèces de tiques sont principalement rencontrées chez les bovins.

Parmi celles-ci, Ixodes Ricinus est de loin l’espèce la plus répandue. On la retrouve sur l’ensemble du territoire, exception faite des zones sèches du pourtour méditerranéen. Ses lieux de vie de prédilection sont les forêts de feuillus, les sous-bois denses, les pâtures également, surtout celles qui sont entourées de haies ou proches des bois, car Ixodes ricinus a besoin d’une hygrométrie minimale de 70 %. C’est pourquoi son premier pic d’activité se situe entre avril et juin, le deuxième – plus court – en septembre/octobre. Toutefois, en fonction du climat et de l’humidité, on pourra la rencontrer tout au long de l’année.

D’autres tiques piquant bovins (et ovins parfois) se partagent le territoire : Dermacentor marginatus, Dermacentor reticulatus, Haemaphysalis punctata, et Rhipicephalus bursa.

Le cycle de vie des tiques
Chaque espèce de tique possède son mode de vie et son cycle propre, mais les principes de développement des différentes phases parasitaires sont similaires : pendant les phases parasitaires, les tiques se retrouvent sur les hôtes pour y faire leur repas de sang. Celui-ci terminé, la tique gorgée se détache pour muer (larve -> nymphe, nymphe -> adulte) ou si c’est une femelle fécondée, pour pondre. Ces phases de mue et de ponte se déroulent au sol, et la tique passe donc la majeure partie de sa vie dans l’environnement. Sa survie est par conséquent conditionnée à la présence et au nombre d’hôtes potentiels (pour le passage à la phase suivante), ainsi qu’aux conditions écologiques.

Les repas sanguins sur les différents hôtes représentent autant d’occasions pour la tique d’acquérir, puis de transmettre au stade suivant un agent pathogène.

Un exemple : le cycle de vie d’Ixodes ricinus (D’après GDS19)
Chez I. Ricinus, le cycle dure 2 à 4 ans ; la multiplicité des hôtes fait de cette espèce de parasite un excellent transmetteur d’agents pathogènes entre espèces.

Les maladies transmises par les tiques

Parmi les principales maladies transmises par les tiques chez les bovins, citons notamment la piroplasmose (ou babésiose), mais aussi la maladie de Lyme, la fièvre Q, qui sont des zoonoses transmissibles à l’homme, ou plus récemment l’anaplasmose et l’ehrlichiose.

Maladie Agent pathogène Principaux symptômes
Babébiose Babesia divergens

Fièvre, anémie

Diarrhée

Urine marron

Mort en 2/3 jours en l’absence de traitement

Ehrlichiose Anaplasma phagocytophilum

Fièvre

Toux, jetage

Boiteries (oedème des pâturons)

Agalaxie (arrêt de la production de lait), avortements

Maladie de Lyme (Zoonose) Borrelia burgdorferi

Fièvre

Diarrhée

Amaigrissement

Agala, avortements

Fièvre Q (Zoonose) Coxiella burnetti

Fièvre

Avortements

Non-délivrance, métrites

Anaplasmose Anaplasma marginale

Fièvre, abattement

Constipation

Amaigrissement

Agalaxie, avortements

Théilériose Theileria orientalis

Fièvre, puis hypothermie

Anémie, anorexie

Diarrhée

Hypogalaxie

La prévention

Dans une zone géographique déterminée, les contacts réguliers des animaux avec les agents pathogènes permettent l’installation et le maintien d’une immunité naturelle (appelée prémunition) efficace et sans signes cliniques.

Il n’est pas possible de supprimer complètement les tiques dans le milieu extérieur. En revanche, il est important de veiller à ce que les bovins puissent développer une bonne immunité de prémunition, et la conservent par la suite, pour éviter les conséquences néfastes des maladies transmises par les tiques. Cela nécessite une bonne connaissance des équilibres écologiques au sein de son exploitation, et une gestion intégrée de celle-ci tenant compte de l’environnement.

Pour la bonne santé du troupeau, il sera fait en sorte que les jeunes s’immunisent dans les meilleures conditions, en pâturant notamment sur les prés à risques. Par la suite, un contact au minimum annuel du troupeau avec l’agent infectieux– notamment au printemps à la mise à l’herbe lorsque les tiques reprennent leur activité – permettra de maintenir une immunité efficace.

L’équilibre est toutefois fragile, et il est indispensable de surveiller les modifications du biotope (hygrométrie, température, extension des zones de broussailles, etc…).

La plupart du temps, la lutte contre les tiques par des traitements acaricides intempestifs et non raisonnés risque d’être contre-productive : le vétérinaire de l’exploitation reste le meilleur interlocuteur pour aider à protéger le troupeau.

Quand et comment agir ?

L’apparition de signes cliniques des maladies transmises par les tiques indique que l’équilibre initial est rompu. Il convient alors de rechercher, en collaboration avec le vétérinaire, les situations susceptibles d’être à l’origine du déséquilibre :

– Arrivée d’animaux non-immunisés dans une zone contaminée.

C’est souvent le cas lors de nouvelles introductions dans le troupeau, mais aussi lors d’occupation de nouvelles zones de pâturage par certains lots dans l’exploitation. Dans ces cas, il est possible par exemple d’organiser une chimioprévention contre la babésiose avec un traitement comme le Carbésia®, tout en laissant les animaux au contact des tiques pendant la durée de protection par le médicament, dans le but d’induire une immunité. Il est donc logique de ne pas utiliser de traitement acaricide à ce moment-là.

– Baisse de l’immunité dans le troupeau normalement immunisé.

Cela peut s’observer lorsqu’il y a une baisse de l’immunité générale suite à des maladies intercurrentes parasitaires ou infectieuses ; ou encore lorsque des traitements acaricides sont appliqués au printemps, perturbant le maintien de la prémunition, et décalant l’apparition de la maladie transmise par les tiques un peu plus tard dans la saison.

– Extension de la maladie dans une nouvelle zone suite à des modifications de l’environnement et des conditions écologiques / météorologiques.

Conclusion :

Vis-à- vis des maladies transmises par les tiques, et potentiellement risquées sanitairement et économiquement, l’idéal est de privilégier la mise en place d’une immunité naturelle dans le pré-troupeau, que l’on veillera à maintenir chez les bovins adultes. Cela nécessite une bonne connaissance des équilibres au sein de l’exploitation, ainsi qu’une gestion raisonnée et intégrée du troupeau. Le vétérinaire est un interlocuteur privilégié pour mener au mieux la prévention de ces maladies. Les traitements acaricides ne sont pas la panacée, et mal utilisés, peuvent même se révéler contreproductifs.

Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire

23/04/2018

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