Les troubles comportementaux chez le vieux chien
En vieillissant, les chiens peuvent souffrir de nombreuses affections touchant organes et/ou articulations, mais peuvent aussi présenter diverses modifications comportementales.
L’ensemble des modifications pathologiques du comportement sont regroupées sous le nom de DCC ou dysfonctionnement cognitif canin.
Quels symptômes ?
En général, les symptômes associés au DCC s’installent progressivement au cours du temps, détériorant petit à petit la relation chien/maître.
Selon la dominante pathologique observée, les appellations de ce syndrome peuvent varier : dépression d’involution, syndrome confusionnel (désorientation, rappelant la maladie d’Alzheimer), hyperactivité du vieux chien (agressivité)…
Parmi les symptômes observés :
– Désorientation spatiale et temporelle : le chien peut se perdre sur un trajet familier, voire au fond du jardin ; il peut attendre qu’on lui ouvre…la porte d’un placard ; il vient réveiller son maître au milieu de la nuit pour sortir ; il reste immobile au milieu d’une pièce les yeux dans le vague…
– Altération des apprentissages : le chien redevient malpropre, alors qu’il a toujours été propre ; il n’obéit plus aux ordres, ne répond plus à son nom, ne fait plus la fête à son maître qu’il ne reconnait plus, suit un inconnu dans la rue.
– Réapparition de comportements infantiles : le chien se remet à explorer l’environnement avec sa gueule (phase orale), et risque par exemple l’occlusion intestinale par ingestion de corps étrangers.
– État dépressif chronique (dépression d’involution) : le chien est agité, présente des troubles du sommeil : il dort le jour, mais pas la nuit, pendant laquelle il se réveille en sursaut, gémit, hurle, déambule de façon mécanique. Son anxiété se manifeste par des hurlements, des destructions lorsqu’il se retrouve seul dans la maison, parfois par le léchage compulsif d’une partie du corps (avec apparition de lésions).
– Hyperagressivité : un chien qui a toujours été placide peut devenir subitement agressif envers son maître, des enfants, des congénères, en inversant la séquence habituelle ; il mord d’abord et grogne ensuite.
Quels signes précurseurs ?
Comme ce syndrome de dysfonctionnement cognitif du chien âgé s’installe au fur et à mesure, certains signes peuvent vous mettre la « puce à l’oreille » et vous alerter sur un comportement anormal.
L’animal se met-il à fuguer (alors que cela ne lui est jamais arrivé) ? Se met-il à faire se besoins dans la maison ? À être agressif sans raison particulière (par exemple lors de manipulations ou de soins habituels) ? Passe t’il sa journée à dormir et ses nuits éveillé à gémir ou déambuler ? Est-il collant ? Présente-t’ il des comportements aberrants (reste planté devant un mur, suit un inconnu…) ?
Quelle est l’origine de ces troubles ?
Il existe des causes externes expliquant ces troubles du comportement chez le chien âgé.
Une dégradation physique/une douleur chronique (arthrose, surdité, cécité, trouble cardiaque, problèmes dentaires chroniques…) peuvent induire un état dépressif ou agressif chez le vieux chien. Une modification de l’environnement (déménagement, introduction d’un nouvel animal dans le foyer) peut aussi perturber le vieux chien et entraîner une forme de dépression.
Mais des causes internes expliquent également ce syndrome :
– Vieillissement cérébral pathologique, avec lésions dégénératives comparatives à la maladie d’Alzheimer. Des pertes de neurones liées à l’âge, le vieillissement des membranes des cellules nerveuses entraînent également des réponses émotionnelles inadéquates.
– Tumeur cérébrale, le plus souvent associée à d’autres troubles neurologiques (convulsions, pertes d’équilibre)
– Troubles dans la neurotransmission des informations
– Dérèglement hormonal (hypothyroïdie, hypercorticisme)
Comment traiter ?
La précocité de la prise en charge des troubles du comportement chez le chien âgé est essentielle pour améliorer le confort psychique de l’animal. Si une cause organique associée est mise en évidence (trouble hormonal, cardiaque, problèmes dentaires, arthrose), son traitement permettra d’améliorer l’état du chien, voire diminuer les symptômes.
La prise en charge repose sur trois éléments :
• Traitement médicamenteux des troubles : il vise à réduire l’anxiété et rétablir un meilleur sommeil. Il fait souvent appel à des psychotropes et/ou neurotropes, et est associé à des médicaments vasodilatateurs (amélioration de la circulation cérébrale) ou à des phéromones (substances chimiques émises par les animaux, pouvant contribuer à l’apaisement). Ce traitement est souvent prescrit à vie, mais doit faire l’objet d’évaluations régulières et de réajustements.
• Traitement alimentaire : enrichissement de la ration en antioxydants et oméga3 pour limiter les phénomènes oxydatifs qui détruisent les neurones.
• Traitement comportemental : il a pour but de faciliter la communication avec le vieux chien qui présente des troubles sensoriels (parler à un chien aveugle par exemple, pour le prévenir), mais surtout de stimuler l’animal : continuer les interactions familiales habituelles (toilettage, brossage, jeux simples avec récompense alimentaire), maintenir une activité physique (promenades), assurer des repères spatio-temporels stables (éviter les changements de lieux de promenade, avoir des horaires de repas et d’activité stables).
Un bilan de santé annuel est recommandé à partir de 6/7 ans pour les grandes races (9 ans pour les petites) afin de dépister précocement certaines maladies, et prolonger la vie de son animal dans les meilleures conditions possibles.
Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire
02/01/2018
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