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Pas de chocolats de Noël pour nos compagnons à quatre pattes !

Le compte à rebours vers les fêtes de fin d’année a commencé, et de nombreuses boîtes de chocolats seront échangées au cours de celles-ci. Mais savez-vous que le chocolat qui nous fait tant plaisir peut être hautement toxique pour votre chien ou votre chat ? En effet, le chocolat contient un alcaloïde, la théobromine, qui est toxique pour les carnivores domestiques. Il existe d’autres alcaloïdes (caféine et théophylline) dans le chocolat, toxiques également pour les chiens et chats mais c’est l’action de la théobromine sur les systèmes nerveux et cardio-respiratoire qui domine.

La théobromine / Les facteurs de risque

Dans l’intoxication au chocolat, c’est en fait la teneur en cacao de ce dernier qui est en cause, puisque c’est dans le cacao que se trouve la théobromine. La concentration en théobromine est plus importante dans les cosses que dans les fèves de cacao.

À la différence de ce qui se produit chez l’homme, la théobromine présente la particularité d’être très lentement transformée par le foie et éliminée par le rein chez les carnivores domestiques (environ 18 heures) ; d’où la possibilité d’un effet cumulatif si chien ou chat ingèrent des petites doses, mais répétées sur un court laps de temps. Il existe même une toxicité chronique qui peut conduire à une dégénérescence du muscle cardiaque.

Il existe divers facteurs de risque qui peuvent venir aggraver ou accélérer une intoxication au chocolat :

• Le type de chocolat : le chocolat noir est 3 à 10 fois plus toxique que le chocolat au lait, à cause de sa plus forte teneur en théobromine. NB : Le chocolat blanc ne pose pas de problème toxique (mais sa teneur en sucre et en graisses est élevée et il n’est donc pas bon pour la santé de nos compagnons !!).

• L’espèce concernée : les chiens sont plus à risque, étant en général plus attirés que les chats par le goût sucré.

• L’âge : les animaux jeunes ou âgés sont plus sensibles

• La taille : Plus l’animal est de petite taille, plus le risque est grand (la concentration en théobromine par rapport au poids sera plus importante).

• La race : Les races brachycéphales (Boxer, Bouledogue, Carlin, Shih-Tzu, Pékinois / Persan, Exotic Shorthair…) sont plus sensibles du fait de leur prédisposition aux problèmes respiratoires.

• L’état général de l’animal : un animal insuffisant cardiaque ou respiratoire, insuffisant hépatique, ou recevant certains traitements présentera un risque accru.

• Gestation/allaitement : la théobromine passe dans le sang et le lait ; les petits sont donc à risque du fait de leur faible taille et poids.

• Enfin, certaines périodes de l’année sont plus dangereuses que d’autres (Noël, Pâques), et il importe de ne pas laisser trainer plaques ou friandises, ni le pot de pâte à tartiner ouvert ! Le chocolat doit être rangé hors d’atteinte des chiens et chats.

Les symptômes de l’intoxication au chocolat

Il existe plusieurs phases dans une intoxication au chocolat, ainsi que divers degrés d’atteinte selon la dose ingérée : en premier lieu apparaissent les signes digestifs, puis nerveux, enfin cardiorespiratoires, avec risque potentiellement mortel.

• Symptômes digestifs (peuvent apparaître dans les 4 à 5 heures qui suivent l’ingestion) : vomissements, hypersalivation, parfois diarrhée.

• Symptômes nerveux : agitation, tremblements, démarche hésitante, possibles convulsions.

• Symptômes cardio-respiratoires : accélération des rythmes cardiaque et respiratoire, arythmie

• Autres symptômes possibles : hyperthermie, douleurs abdominales, augmentation de la quantité d’urine produite.

Dans les cas les plus graves, coma et mort peuvent survenir rapidement (entre 6 et 48 heures après l’ingestion).

La dose toxique

On considère qu’il y a 4,5 à 16 mg de théobromine par gramme de chocolat noir

1,5 à 2,5 mg de théobromine par gramme de chocolat au lait.

(La quantité est insignifiante dans le chocolat blanc.)

Entre 20 à 40 mg/kg de théobromine ingérée : risque de troubles digestifs

Entre 40 et 50 mg/kg : apparition de troubles neurologiques

À partir de 60 mg/kg, s’ajoutent des symptômes cardio-respiratoires

Au-delà de 100 mg/kg, risque mortel !

En pratique : on estime la quantité de chocolat ingérée en grammes. On multiplie par 16 si c’est du chocolat noir, et par 2,5 si c’est du chocolat au lait : on obtient la dose de théobromine ingérée en mg. On divise ensuite par le poids de l’animal en kg, ce qui donne la quantité de théobromine potentiellement ingérée par kg de poids corporel. On compare aux doses toxiques indiquées dans le tableau ci-dessus pour avoir une idée de la gravité de l’intoxication. Ce calcul est toutefois indicatif et ne dispense pas d’un appel ou d’une visite chez le vétérinaire, surtout si on est au-delà de 20 mg/kg de théobromine.

Petit exemple : Un pékinois de 4,5 kg a avalé 2 morceaux de chocolat noir à pâtisser (soit 20 g). Il a donc ingéré 16 x 20 = 320 mg de théobromine, soit une dose de 71 mg/kg. Il risque donc de présenter des symptômes digestifs, nerveux et respiratoires, et il faut l’emmener sans tarder chez le vétérinaire !

Le traitement

Il n’existe pas d’antidote à la théobromine, le traitement sera donc éliminatoire et symptomatique.

• Traitement éliminatoire : dans les 2 premières heures après l’ingestion, et si l’animal est vigile, le praticien pourra tenter de faire vomir l’animal. Il administrera également du charbon activé de façon à capter le maximum de théobromine dans l’intestin ; cette administration sera régulièrement répétée (toutes les 4h) sur plusieurs jours, à cause du cycle entérohépatique de la théobromine. Parfois, en cas de coma ou de convulsions, un lavage gastrique pourra être proposé.

Par ailleurs, une perfusion sera mise en place pour aider à l’élimination urinaire de la théobromine.

• Traitement symptomatique : il sera le plus souvent mis en place au cours d’une hospitalisation, et pourra comprendre – selon l’appréciation du vétérinaire : antidiarrhéiques, pansements digestifs, antalgiques, valium (pour les convulsions), lidocaïne (en cas d’arythmies cardiaques).

La guérison dépendra de la quantité ingérée, et du délai de la mise en œuvre du traitement. Au-delà du 3e jour, l’animal a plus de chances de s’en tirer.

Conclusion :

Le chocolat, douceur si agréable pour nous humains, peut se révéler poison mortel chez les carnivores domestiques. Rien ne remplace la vigilance, plus particulièrement en cette période de fêtes : surtout ne cédons pas aux yeux doux de nos compagnons, gardons égoïstement nos friandises et ne leur laissons pas lécher les plats à gâteaux ! En cas de suspicion, une visite chez le vétérinaire s’impose.

Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire

05/12/2016

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